Ce mercredi matin, les locaux du tribunal de Libreville ont été le théâtre d’une conférence de presse d’une rare intensité, animée par le Procureur général près la Cour d’Appel judiciaire de Libreville, Dr. Eddy Minang. D’un ton à la fois ferme et didactique, le haut magistrat a tenu à rappeler, face aux dérapages observés dans l’affaire impliquant Sylvie Marie Aimée Valentin épouse Bongo, les règles déontologiques qui encadrent la profession d’avocat — au Gabon comme à l’international.

S’appuyant sur un arrêt de la Cour de cassation française datant de 2010, Dr. Minang a rappelé que « les avocats, en France comme au Gabon, sont tenus à un devoir de modération dans leurs prises de parole publiques », fustigeant les récentes déclarations virulentes d’avocats français dans cette affaire. Le procureur a déploré les attaques personnelles dirigées contre les magistrats gabonais, dénonçant une dérive qui nuit à la sérénité des débats judiciaires.
Évoquant avec respect les figures emblématiques du barreau français telles que Jacques Vergès, Robert Badinter et Gisèle Halimi, il a salué leur exemplarité dans le respect des institutions judiciaires, même dans les affaires les plus sensibles.
Mais au-delà de la défense de la justice gabonaise, le magistrat en chef a élargi son propos à une critique lucide de certaines attitudes venues d’ailleurs. Il a dénoncé ce qu’il qualifie de « condescendance persistante » de certains avocats occidentaux à l’égard des juridictions africaines. « Les compétences ne dépendent ni de la couleur de peau ni de l’origine géographique », a-t-il affirmé, en réponse aux critiques mettant en doute la légitimité des magistrats gabonais.
Non sans ironie, Dr. Minang a conclu en rappelant qu’il est lui-même diplômé d’un doctorat en droit obtenu à l’Université Paris-Panthéon-Assas, « avec mention très honorable et félicitations du jury ». Une manière claire d’opposer le savoir à la présomption.
Judex MANFOUMBI

