Libreville, le 8 juin 2025 — Un collectif de parents de jeunes actuellement en détention provisoire à Makokou a lancé, dans une déclaration poignante, un appel pressant aux autorités judiciaires pour dénoncer la durée anormalement prolongée de l’incarcération de leurs enfants, sans procès ni audience depuis plus de six mois.
Selon les parents signataires, cette situation constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux garantis par la Constitution gabonaise, notamment la présomption d’innocence, le droit à un procès équitable et le respect des délais raisonnables. Ils expriment une inquiétude croissante quant à l’impact psychologique, moral et social d’une telle incertitude judiciaire sur les jeunes concernés.
Dans leur déclaration adressée au Procureur Général, les familles se disent respectueuses des institutions judiciaires, mais affirment ne plus pouvoir rester silencieuses face à un système qui, selon elles, prive injustement leurs enfants de liberté et de tout contact avec leurs proches ou leurs avocats.
L’éloignement de plusieurs prévenus vers la prison de Makokou, loin de leurs domiciles habituels à Libreville, ajoute à leur détresse. Certains ont appris que ces transferts seraient motivés par une supposée « appartenance à une catégorie de grands délinquants » — une qualification que les familles jugent infondée, en l’absence de toute condamnation judiciaire définitive. Elles dénoncent également le non-respect des procédures réglementaires encadrant ces transferts, comme le prévoit pourtant l’arrêté n°0018 MIGS/CAB.
Cette mobilisation parentale fait écho à d’autres signaux d’alerte récents : notamment, la lettre ouverte publiée par les détenus de la prison de Tchibanga dénonçant les conditions de détention et les abus dont ils seraient victimes.
Au cœur de cette affaire, une question de fond persiste : le respect effectif des droits humains dans les prisons gabonaises. Les familles appellent donc à une réévaluation rapide de ces dossiers et au déclenchement de procédures judiciaires dans des délais raisonnables, afin de restaurer la confiance dans l’appareil judiciaire et d’éviter que la détention provisoire ne se transforme en peine anticipée.
Dans l’attente d’une réponse des autorités, les regards se tournent vers le ministère de la Justice et les acteurs de la société civile, appelés à jouer un rôle essentiel pour garantir un traitement équitable de tous les citoyens, y compris ceux derrière les barreaux.