Libreville, 29 septembre 2025 –
Selon la Task Force des candidats aux législatives du deuxième siège de la diaspora gabonaise, la première alerte est venue du taux d’abstention particulièrement élevé observé au sein des communautés gabonaises à l’étranger. Pour les signataires, cette abstention record constitue un « signal clair » de la défiance citoyenne envers la transparence et l’équité du processus électoral.
Irrégularités de fond : l’affaire des procurations
Le cœur de la contestation repose sur ce que la Task Force qualifie de « violation flagrante » de la Constitution et du Code électoral. La Commission Consulaire Électorale de Paris est directement mise en cause pour avoir autorisé, en plein scrutin, le recours à des procurations manuscrites. Une décision communiquée tardivement, à 17h30, sur simple présentation de copies de cartes d’identité et de cartes d’électeur.
Or, l’article 148 du Code électoral prévoit que seuls les formulaires officiels, fournis par le ministère de l’Intérieur, sont valables. Les plaignants pointent également la responsabilité du Directeur de campagne du candidat de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), accusé d’avoir anticipé cette décision en demandant dès l’après-midi à ses militants de préparer de telles procurations.
La règle limitant un mandataire à un seul mandat (article 147) n’aurait par ailleurs pas été respectée, ce qui, selon les contestataires, « remet en cause l’égalité des citoyens devant le vote » et menace la sincérité des résultats.
Chaos et dérives sur le terrain
Les irrégularités ne se limitent pas au droit. Sur le terrain, la Task Force décrit une organisation chaotique et des dérives multiples. La fermeture du centre de vote de Londres a ainsi privé les électeurs gabonais du Royaume-Uni de leur droit constitutionnel.
D’autres anomalies sont rapportées : la présence de 27 bulletins au lieu de 26 en Turquie, le saccage d’un bureau de vote à Rennes, ou encore l’usage irrégulier de procurations transmises via WhatsApp. Les signataires dénoncent également la distribution de cartes électorales multiples à certains candidats, facilitées, selon eux, par l’utilisation des photocopieurs de l’ambassade au profit de l’UDB.
En France, des représentants de ce même parti auraient publiquement appelé à voter pour leur candidat à l’intérieur même de l’ambassade, en violation de la neutralité requise.
Enfin, des dérives lors du dépouillement sont rapportées : procès-verbaux rédigés au crayon à Mounana, suffrages dépouillés « dans l’obscurité » dans certains bureaux.
Un retour aux pratiques du « système déchu »
Pour la Task Force, ces pratiques rappellent les dérives du Parti Démocratique Gabonais (PDG), écarté par le Coup de libération du 30 août 2025. « Ce scrutin, censé symboliser la rupture avec le passé, reproduit les mêmes pratiques antirépublicaines », déplorent-ils.
Alors que les élections devaient marquer la transition vers la Cinquième République, la Task Force estime que leur déroulement n’honore pas le Gabon et envoie un message négatif de méfiance à la communauté internationale.
Une demande d’annulation immédiate
En conséquence, les signataires contestent la légalité et la légitimité du scrutin. Ils exigent son annulation immédiate, estimant que l’ensemble du processus est « frappé de nullité par ses vices de fond et de forme ».
La Task Force appelle les institutions de la République à garantir le respect strict de la Constitution et du Code électoral afin de préserver l’intégrité démocratique et la confiance des citoyens.
Les signataires
Alice Vincent ADIBET, Jean-Pierre ANTCHOUE AYENOUE, Aline MBOUMBA-DJENNO, Hughes AWANHET, Émeline Lina NSAH, Josiane Marina EKOME MINTO’O, Loyd IMOUNGA YABINA, Phernel OSSIBATO LINZONDO, Ashley EFOUTAME, Vincent MAYELA NKOGHE, Valéry MBA, Ingrid Fanny MIBEMA, Marco LEPANDA, Hugo MICKWEIKY, Sandrine ADIZA JEAN, Yvon MOUTSINGA, Peggy NAH NDONG, Olivia NONDO, Sylvain OBAME, Trésor Franky ONDO BEKALET, Marcel OGOULINGUENDE, Tessy NDOMBA.
