Sous la voûte solennelle de la Cour d’appel judiciaire de Libreville, le parquet général a dévoilé, vendredi 16 mai, une mesure exceptionnelle : la mise en liberté provisoire de Sylvia Bongo et de son fils Nourredine Bongo Valentin. Décidée mercredi 14 mai par la Première Chambre d’Accusation Spécialisée, cette mesure humanitaire trouve sa justification « dans l’état de santé des prévenus, devenu incompatible avec le milieu carcéral », a précisé le procureur général Eddy Minang.
L’origine de cette procédure remonte au 12 mai, date à laquelle Maître Gistle Eyue Bekale, avocate inscrite au barreau du Gabon, a formellement sollicité deux demandes d’élargissement provisoire. L’argument médical était étayé par des certificats émis à la fois par le médecin-chef de la prison centrale et par le médecin général Jean-Raymond Nzenze, de l’Hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba. Face à ces expertises, l’Agence judiciaire de l’État, consultée pour avis, s’est abstenue de toute opposition, invoquant le respect de considérations humanitaires.
Le procureur général a tenu à rappeler que cette liberté provisoire, strictement encadrée par les articles 132 et 143 du Code de procédure pénale, ne constitue en aucun cas une entrave à la poursuite de l’instruction. « La procédure suit son cours, et nous nous préparons à garantir un procès équitable », a martelé M. Minang. Cette même mesure a également été accordée à Jessye Ella Ekogha, pour des motifs similaires d’humanité.
En outre, il est important de souligner que Sylvia Bongo et Nourredine Bongo Valentin sont entendus depuis septembre 2023 dans le cadre d’une enquête complexe portant sur treize personnes, poursuivies pour des faits graves : détournement de deniers publics, faux et usage de faux, corruption active, blanchiment de capitaux, usurpation de titres, recel et association de malfaiteurs. Cette procédure avait pris naissance à la suite des événements tumultueux du 30 août 2023, qui avaient conduit à l’ouverture de ce dossier inédit par le parquet spécialisé.
Si la libération provisoire accorde un répit à la mère de l’ancienne Première Dame et à son fils, l’instruction se poursuit avec rigueur. Les prochains actes d’enquête et d’audition détermineront la suite des débats, jusqu’à ce que soit fixé le calendrier d’un éventuel procès. En attendant, la décision de la Première Chambre d’Accusation Spécialisée résonne comme un rappel des principes d’humanité et de respect des droits fondamentaux, même au cœur des procédures pénales sensibles.
MAMFOUMBI JUDEX

