Le ministère de la Communication et des Médias, sous la direction de Mme Laurence Ndong, a publié le jeudi 10 avril 2025 un communiqué relatif aux travaux de la Commission de répartition de l’aide à la presse pour l’exercice 2024. Ce communiqué fait état des résultats des délibérations qui se sont déroulées du 17 au 21 février 2025. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de l’arrêté n°0939/MCM/SG/DCAJ/2024 du 4 octobre 2024, qui définit les conditions d’éligibilité pour la subvention de soutien à la presse écrite et en ligne. Une étape cruciale pour le soutien à la presse dans le pays, et un gage de l’engagement du gouvernement en faveur d’une presse libre, responsable et compétente.

Un processus rigoureux
La Commission de répartition de l’aide à la presse a scrupuleusement examiné les 102 dossiers reçus pour cette année, répartis en deux catégories : la presse écrite et la presse en ligne. En effet, 40 dossiers étaient relatifs à la presse écrite, tandis que 62 concernaient la presse en ligne. Après un examen approfondi, 79 dossiers ont été jugés éligibles, soit environ 77,5 % des candidatures, tandis que 23 dossiers ont été rejetés, représentant 22,5 % des candidatures.
L’examen des dossiers a été particulièrement rigoureux, et la Commission n’a laissé aucun détail au hasard. L’objectif était de s’assurer que les médias concernés respectent les normes éthiques et déontologiques qui régissent le secteur, mais aussi qu’ils soient véritablement engagés dans un travail journalistique professionnel et de qualité. À cet égard, les critères d’éligibilité étaient multiples et stricts, et leur application a été intransigeante.
Les motifs d’exclusion
Les dossiers rejetés ont été écartés pour diverses raisons, qui ont toutes trait à la non-conformité avec les exigences prévues par l’arrêté. Parmi les motifs les plus fréquemment évoqués, on retrouve :
Absence de l’agrément technique à jour : Le respect de la législation en matière de régulation des médias est essentiel. Les entreprises de presse doivent disposer d’un agrément technique valide pour pouvoir bénéficier de l’aide publique. Cette absence d’agrément valide pour certains médias a été un critère déterminant dans le rejet de leur dossier.
Absence du récépissé de déclaration de parution ou de diffusion : Un autre motif récurrent a été l’absence de ce document administratif obligatoire, qui prouve que le média est bien enregistré auprès des autorités compétentes et qu’il est en règle avec les normes de diffusion. Les médias qui n’ont pas produit ce récépissé se sont vu exclure du processus.
Durée d’existence du média inférieure à deux ans : L’arrêté précise que seuls les médias ayant au moins deux ans d’existence peuvent prétendre à la subvention. Cette exigence vise à garantir que les bénéficiaires sont des acteurs solides du paysage médiatique, capables de produire un contenu de qualité sur la durée.
Absence ou insuffisance de production journalistique : Un critère fondamental pour l’éligibilité est l’activité journalistique effective des médias. Ceux dont la production était insuffisante ou absente ont été rejetés, car la subvention vise à soutenir les efforts de production d’informations publiques et pertinentes.
Sanctions liées à l’éthique ou à la déontologie : Enfin, les médias ayant fait l’objet de sanctions en raison de manquements graves à l’éthique journalistique ou à la déontologie ont été exclus. Le respect de ces principes est un pilier de la presse libre et responsable, et le gouvernement entend clairement ne pas soutenir des acteurs médiatiques dont les pratiques pourraient nuire à la crédibilité du journalisme dans le pays.
Une approche transparente et rigoureuse
La Commission a donc appliqué les critères d’éligibilité de manière stricte et transparente. Dans le communiqué publié, signé par la secrétaire générale et présidente de la Commission, Mme Anastasie Kengue épouse Pamba, il est précisé que ces critères ont été appliqués avec une rigueur exemplaire, en vue de garantir un usage juste et équitable des fonds publics alloués à la presse.
L’accent a été mis sur la nécessité de soutenir les médias réellement engagés dans un travail journalistique professionnel et éthique, en particulier ceux qui ont su s’adapter aux défis de l’ère numérique. L’un des objectifs principaux de cette aide reste d’encourager l’indépendance et la pluralité des voix dans le paysage médiatique gabonais, et de soutenir le travail des journalistes dans un contexte de plus en plus marqué par la concentration des médias et les défis économiques.
Le soutien aux médias en ligne : une priorité
Une part importante des dossiers soumis concernait la presse en ligne, un secteur en pleine expansion au Gabon, comme ailleurs dans le monde. Ce phénomène est en grande partie alimenté par l’essor de l’internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La presse en ligne, bien que plus flexible et accessible, rencontre toutefois des défis particuliers en termes de financement et de viabilité économique.
Le ministère de la Communication et des Médias, avec le soutien de la Commission de répartition, entend donc soutenir ce secteur en pleine mutation, en veillant à ce que les médias en ligne respectent les mêmes critères de qualité, de rigueur et d’éthique que la presse traditionnelle. Cette volonté de soutenir la presse en ligne vise à renforcer la diversité des contenus et à promouvoir une information diversifiée, surtout en période de transition numérique.
Les perspectives pour la presse gabonaise
Avec la publication de ces résultats, le ministère de la Communication et des Médias envoie un message clair à l’ensemble des acteurs du secteur médiatique : l’aide publique à la presse est un levier de soutien à la pluralité des voix, mais elle repose sur des critères stricts qui visent à préserver la qualité et l’indépendance des médias.
Cette politique, bien qu’exigeante, témoigne de la volonté de l’État gabonais de soutenir un journalisme responsable et compétent, capable de répondre aux attentes de la société et de contribuer au débat démocratique. À cet égard, la publication du communiqué souligne la transparence et la rigueur du processus, avec la garantie que les fonds publics seront utilisés pour soutenir des médias réellement engagés dans une production d’informations de qualité.
Cependant, le communiqué soulève également des questions sur l’accessibilité de cette aide pour tous les médias. Les critères de sélection, bien que légitimes, peuvent exclure certains petits médias ou jeunes structures qui peinent à respecter l’ensemble des exigences administratives et réglementaires, malgré leur engagement journalistique. Il serait intéressant de voir si, dans les années à venir, des mesures d’accompagnement seront mises en place pour aider ces acteurs à se conformer aux critères et à bénéficier de l’aide publique.
Conclusion : un équilibre entre soutien et rigueur
En définitive, la Commission de répartition de l’aide à la presse a fait preuve d’une rigueur exemplaire dans son travail, en veillant à ce que l’aide publique soit attribuée aux médias les plus sérieux et les plus respectueux des standards éthiques et professionnels. Cela permet de garantir que les fonds publics sont utilisés à bon escient et contribuent effectivement à l’amélioration de la qualité de l’information au Gabon.
Ce processus de répartition est une étape importante pour le développement de la presse dans le pays, mais il soulève également des défis en matière d’équité, de transparence et d’accompagnement des médias plus fragiles. L’avenir de la presse gabonaise, en particulier dans un contexte de digitalisation accrue, dépendra de la capacité de l’État à concilier rigueur dans la distribution de l’aide et soutien aux médias émergents, qui jouent un rôle crucial dans l’enrichissement du paysage médiatique du pays.

