Libreville – Dix-neuf ans après la liquidation de Gabon Poste en 2006, les anciens agents de cette entreprise publique continuent de vivre un drame social et humain sans précédent. Sur les 800 travailleurs licenciés, plus d’une centaine a déjà succombé aux conséquences directes de la misère, faute d’avoir perçu l’intégralité des compensations qui leur étaient dues.

À l’époque, un plan social avait pourtant été prévu dans la décision conjointe 044/06, signée par les ministres de la Communication et de l’Économie, ainsi que dans le rapport du cabinet américain Decision Analysis Partners, mandaté par l’État. Ce plan prévoyait deux volets : le paiement des droits légaux, appliqués selon le Code du travail, et une compensation transactionnelle, inspirée des mesures accordées aux agents de Gabon Telecom (48, 36 ou 24 mois de salaire).
Si le premier volet a été réglé, le second, pourtant validé, n’a jamais été exécuté. Les anciens agents avaient proposé de se limiter au minimum octroyé à Gabon Telecom, soit 24 mois de salaires, mais cette demande est restée lettre morte.
En 2022, l’Autorité Nationale de Vérification et d’Audit (ANAVEA) avait confirmé la légitimité du paiement et transmis le dossier complet au ministère du Budget. Mais depuis, ce dernier se heurte à un interminable ping-pong administratif entre le Budget et l’Économie. Même les instructions formelles de l’ancien président Ali Bongo, en avril 2023, n’ont pas suffi à débloquer la situation.
Aujourd’hui, les survivants et les familles des victimes dénoncent ce qu’ils considèrent comme une forme de « génocide social ». Les sit-in organisés devant les ministères restent sans effet, tandis que le dossier semble oublié dans les tiroirs de la haute administration.
Face à cette détresse qui touche près de 12 000 Gabonais, les ex-agents lancent un appel pressant au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour une résolution rapide. Après presque deux décennies d’attente et de promesses non tenues, ils réclament simplement justice et dignité.
Ce dossier, symbole d’injustice sociale persistante, reste un test de volonté politique : agir enfin ou laisser mourir dans l’oubli ceux qui ont servi l’État.

